Ludwig Van Kubrick
Mardi dernier une fanfare composée d’une dizaine de jeunes voyous, habillés de chemises et pantalons blancs, de chapeaux-melon et des boots noirs au pied, la panoplie complète des criminels d’Orange Mécanique. C’était le vernissage de l’expo Stanley Kubrick à la Cinémathèque Française, qui fourmille de dessins préparatoires, d’extraits de films et de nombreuses anecdotes de tournage. Il y a avait même une salle dédiée à la signification de la musique chez le réalisateur américain.
Si on devait analyser la place de la musique dans l’œuvre de Kubrick, on pourrait s’en tenir à quelques mots : peu de musique originale, quelques arrangements synthétiques, beaucoup de musique préexistante. Mais là où je trouve que Kubrick est le plus fort, c’est incontestablement dans Orange Mécanique, où la musique peut réellement être considérée comme un « personnage » à part entière.
Musicalement, Orange Mécanique (1971) n’a rien à voir avec le film qui le précède, 2001, L’Odyssée de L’Espace (1968). Quand pour 2001 elle apporte une dimension spirituelle, dans celui-ci elle agit comme une métaphore de la force et de la puissance. Et c’est en grande partie grâce au travail d’un(e) jeune compositeur(trice) de 32 ans, Walter « Wendy » Carlos connu(e) à l’époque pour ses reprises de Bach au synthétiseur Moog.
La musique puissante de Beethoven et la légèreté des airs de Rosselini semblent ainsi tout droit sorties du cerveau malade d’Alex DeLarge ; elles sont comme distordues par les traitements informatiques, dégoulinant de folie absurde. D’un côté la « Neuvième symphonie » de Beethoven qui donnait au départ un côté positif à sa violence deviendra par la suite synonyme de douleur, le poussant carrément jusqu’au suicide. De l’autre, l’ « Ouverture de Guillaume Tell » de Rosselini illustre avec beaucoup d’ironie la partie de jambes en l’air d’Alex et des deux devotchkas rencontrées à la « disc-bootik ».
Finalement, Orange Mécanique ressemble de près une comédie musicale où la musique chorégraphiée est parfaitement synchronisée à l’image. Ce n’est pas un hasard si dans la fameuse scène chez les Alexander, Alex chantonne « Singin in the Rain » (autrefois chanté par Gene Kelly dans le film du même nom) à grands coups de pieds dans les côtes de Monsieur bloqué au sol, pendant que Madame se fait méchamment violer. En version soft ici. Ou encore dans cette scène-ballet d’affrontement des bandes rivales sur l’air de « La pie voleuse » de Rosselini où la musique sert à rendre la violence plus belle, sinon plus drôle. (Sources : afas.revues.org, cinezik.org)
TWITTER
- No public Twitter messages.
DERNIEREMENT
- Musiques de pub et copie, un air de déjà entendu
- Le concert et son double
- Et si les banques étaient l’avenir de la musique ?
- Comment Devo bouleverse le marketing musical
- Ludwig Van Kubrick
- L’effet Chorus (1978-1981)
- Jazz age / Jazz art
- Lucky Dragons 2.0
- From the Basement
- Un Deux Trois Dis : Miroir Noir !
- Concert illustré
- Manha de Carnaval
- Red, White and Blues
- Desperate Youth, Blood Thirsty Babes
- Wes, Noah and the Whale
- Blue Monday
- Monsieur Gainsbourg Revisited
- Ah! Melody
- Collectionnite aigüe
- Principles of geometry
- Initiales B.O.
- Jackson / Koons, rois de la pop
- The idiots are winning
- Frontier psychiatrists
- Concerts en mode mineur
- Interview : Papas Fritas
- Strange fruit
- Sang pour sang Coen
- Le monde de Nemo
- John Cale : Banana split